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Robots conversationnels : au-delà des élucubrations et autres sombres prédictions, quelles réalités pour le droit et ses métiers ?
Il y aurait tant de choses à dire et d’articles à citer sur l’arrivée en début d’année de Chat GPT et d’autres robots (ou automates) conversationnels dans la pratique des artisans de la rédaction de textes. Plus globalement, il semble qu’une fois de plus la communication sur les progrès de l’Intelligence artificielle par son progrès constant ait déclenché, bien aidée par une petite partie de la presse avide de sensationnel, une crise de panique.
Au point que, fin mars, une tribune est parue, signée par divers représentants de la Silicon Valley et autres GAFAM, dont le médiatique M. Musk, pour demander un moratoire sur la mise en œuvre des développements de l’IA. Un commentaire sur les réseaux sociaux ironisait : « "Maintenant qu'on vous a mis à disposition gratuitement le poison, laissez-nous un peu de temps pour développer l'antidote (qu'on vous vendra)". »
La présidente de l’Autorité de la Concurrence américaine (FTC), Mme Khan, exprime aussi ses craintes « Comme l'apprentissage automatique dépend d'énormes quantités de données et de stockage, nous devons être très vigilants pour nous assurer qu'il ne s'agit pas simplement d'un autre marché où les grandes entreprises deviennent plus grandes et étouffent vraiment leurs rivaux». De multiples alarmes sur les risques en matière de cybersécurité et d’augmentation du volume des informations fausses (fakes news) sur le Web ont été diffusés dans les médias.
Nombre d’articles s’interrogent : faut-il avoir peur ? D’autres établissent la liste des métiers qui seraient menacés. Personne ne sera surpris que les acteurs du droit se retrouvent comme premiers concernés par ces interrogations. Un robot conversationnel peut-il intervenir dans un procès ? Et remplacer un avocat ou … un magistrat.
Plutôt que de tenter de répondre à ces questions ou de commenter les réponses qui sont déjà faites, dont celles qui comparent les avocats indifférents à l’IA à des dinosaures menacés de disparition, quelques conseils de lectures. De la masse énorme des articles publiés sur ce sujet (en moyenne entre 5 et 10 articles par jour), deux auteurs se dégagent MM. Yann Menecoeur et Emmanuel Barthe (article lié aux autres articles de M. Barthe écrits sur ce sujet). Ils expliquent d’abord de manière détaillée en quoi consiste cette technologie, comment elle travaille, et ses limites.
Ils concluent en considérant, avec le constat déjà maintes répété lorsqu’on se met à prédire le fin d’un métier tué par une technologie, que l’IA viendra faire gagner du temps au professionnel et lui éviter des travaux répétitifs mais que sur bien des plans elle ne parviendra pas à le remplacer. Tout ce qui procède de l’intuition, des rapprochements non logiques comme ceux qui permettent l’identification d’une information manquante pour le veilleur juridique, ou une stratégie inédite chez l’avocat est hors de sa portée... De plus, et c’est la limite la plus immédiate des robots conversationnels à l’heure actuelle, ils citent rarement ou mal leurs sources à partir desquelles ils ont combiné leur propos, pratique à l’inverse des réflexes basiques d’un professionnel du droit, d’un universitaire ou un (bon) étudiant en droit. « Les preuves sont un antidote contre le poison des témoignages » (Francis Bacon), le témoignage des robots restera suspect pour l’instant.
Les éditeurs juridiques et les Legaltechs n’en sont pas moins en première ligne pour tenter de voir s’il est possible de tirer parti immédiatement de ces progrès et l’annoncent. Predictice depuis quelques temps communique son usage de Chat GPT dans ses prestations, le groupe Lefevre Dalloz fait de même, l'éditeur Lexbase choisit de mentionner l’existence de cette technologie et son choix d’une pratique « plus humaine » pour personnaliser ses newsletters, et Wolters Kluwer Legaltech procède également avec prudence « Même si aujourd’hui ce n’est pas assez sérieux sur le fond pour des juristes, la demande émergente des utilisateurs ce sont bien des outils proposant davantage d’interactions et d’automatisme, c’est un fait... On s’y dirige. »
Mais avant d’aller plus loin sur la mise en œuvre de ces technologies dans le monde juridique français, ne faudrait-il pas rapidement se concerter et réfléchir ensemble ?
A suivre…
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